Une semaine en Allemagne

Samedi 14 juillet
4h – Départ de la gare routière de Vire : un bus de 50 places 5 étoiles pour 12 personnes. Duvets, oreillers, chacun s’installe pour finir sa nuit.
5h – On s’arrête à Caen pour prendre Sally.
9h – Petit Dèj sur l’autoroute, premières discussions…
12h – Passage de la Belgique à l’Allemagne.
13h15 – Repas sur l’autoroute
15h – Lily, Cyrielle et Patrick nous rejoignent à l’avant du bus où l’on fait connaissance.
16h – Notre chauffeur humoriste s’amuse à nous faire des blagues pas drôles, on se fout de lui.
17h22 – Arrivée à Baunatal, inspection des lieux.
17h30 – Rencontre avec Heide et Frank qui nous expliquent le déroulement de la soirée et nous montre les lieux. Installation des bagages dans une école maternelle où nous avons dormi. Une grande piscine à boules où nous avons passé bien des heures, une douche pour nous 12.
18h – Arrivée de deux allemandes : Katrine et Vicky, qui dormiront avec nous. Les Tchèques et Espagnols dormiront au gymnase.
19h – Repas avec les allemands et les tchèques.
20h – Retour dans notre chambre : nous pouvons remarquer l’aimable volonté de communication avec les allemandes qui se sont fait un « enclos » avec des décors (des maisons pour les enfants), un fil électrique reliant 2 chaises les parquant, et un joli panneau « Danger Zone » avec une tête de mort. On se marre et on redescend.
21h – Les allemands nous proposent un match de volley. Pendant l’installation du matériel, Héloïse et moi allons visiter les jeux pour enfants. On ne se prive pas de balançoire, tourniquet et trampoline, je glisse et m’étale par terre. Retour au volley. La partie est commencée et on se fait totalement rétamé par des allemands apparemment doués mais qui prenaient le jeu très au sérieux. Les français littéraires, reconnus pour leur capacité sportive extraordinaire, sont morts de rire pendant toute la partie et rient de leur propre nullité.
22h – Arrivée des espagnols. Je ne comprends pas grand chose mais elles semblent bien plus agréables que les allemandes et les français les adorent.
22h30 – Retour au dortoir accompagnés des espagnols qui nous apprennent à jongler. Les allemands nous observent depuis leur enclos.
23h30 – Douche et dodo.
0h00 – Le matelas d’Iris se dégonfle, elle roule par terre et dort très mal.
1h30 – Les allemands rentrent bourrés au dortoir et commencent à chanter des berceuses et parler fort. Héloïse leur dit de parler moins fort, ils se foutent de notre gueule et continuent. Elle leur dit clairement de fermer leur gueule, rien n’y fait. Iris se lève et commence à prendre son matelas et ses affaires pour aller dormir en bas. Ils s’en vont à ce moment.

Dimanche 15 juillet
9h – Réveil, préparation. On descend et explique à Vincent ce qu’il s’est passé la veille et demandons à dormir avec les espagnoles. Il en parle à Heide.
10h – Brunch
12h – Explication du déroulement de la semaine alternés avec des jeux en grands groupes : présentations des ateliers, répartitions des taches, organisation.
13h – Rallye dans Baunatal. Nos équipes sont réparties au hasard, à l’aide d’un tirage au sort sur papier. Je suis avec Iris, Héloïse, Cyrielle, Alba et 2 allemands de Baunatal qui nous guident pendant tout le trajet. Il fait une chaleur et une lourdeur à crever, on en a déjà marre et hate de rentrer. On laisse les allemands faire et on arrive les premiers au point de RDV.
16h30 – Gouter avec toutes les équipes, Héloïse et moi allons tester les jeux pour enfants (il y en a partout en Allemagne) : tyrolienne, balançoires, tourniquet…
17h – Découverte de la piscine de Baunatal, où on rencontre enfin les autochtones : Baunatal est une ville totalement morte sans commerçant. La piscine est très bien aménagée et les toboggans sont géniaux.
19h30 – Soirée dans un foyer pour jeunes : musique, baby foot, billards, papotes, blagues. Julia nous fait quelques démonstrations de tours de magie.
0h30 – Retour à pied au dortoir.


Lundi 16 juillet
8h - Je me réveille, j'ai mal aux pieds. Et depuis cet instant je n'ai pas cessé d'avoir mal aux pieds jusqu'à samedi, même en dormant.
8h30 – Petit Dej puis vaisselle.
10h – Premier atelier Photo : on discute avec Mareike et prend des photos de nos ombres. IL y a un souci avec la carte de mon appareils qu’elle ne peut pas lire et dont elle efface tout le contenu par erreur (merci !).
13h – Buffet
14h30 – On frôle la mort. On monte en mini bus avec un allemand pour conducteur. Il roule comme un taré, on est morts de rire mais on a très peur... Il nous dépose à la mairie, on se dépêche de sortir de ce truc.
15h – Discours du maire et des animateurs, cadeaux, etc.
16h30 – On profite de notre temps libre pour aller à la piscine, toujours très agréables par ce temps insupportable. On décide de faire le grand toboggan dans le noir tous ensemble, à 8, la tête la première à plat ventre les uns après les autres. Je me cogne violemment la tête contre la paroi du toboggan et ne profite pas du moment, complètement sonnée. Je me prends Lily à l’arrivée, qui était assise et ralentie. J’ai de l’eau plein les yeux et craint très fort d’avoir perdu mes lentilles dans le toboggan. Au bout de 5 min, j’ai bien mes lentilles et une belle bosse. Petit tour dans la piscine extérieure.
21h – Soirée dans la piscine à boules à papoter, puis discussion sur la pelouse en regardant Mamouth et les allemandes faire de l’escalade.

Mardi 17 juillet
9h45h – Départ en tram pour Kassel !
11h – Visite guidée (en français !) de la Documenta 12. On nous explique des œuvres très intéressantes, des arts africains, de belles photos, des théories... Dans la Dokumenta, il y a plein de SDF qui font de la musique. Il se met à pleuvoir et j’entends de la flute qui m’émeut, je cherche d’où ça vient en suivant mon groupe de loin et là je vois un ptit père avec sa flute de l’autre côté, avec un imperméable, sous la flotte, assis par terre. Il avait un carton par terre mais je n’ai pas eu le temps de voir ce qui était écrit, il me semble avoir vu « ich bin arm » et après je sais pas.
14h30 – Déjeuner dans Kassel. Premières conneries : Coline débute la bataille d’eau au centre de Kassel sur une place avec des fontaines. Nous sommes tous trempés et rejoignons le tram pour se rendre à l’autre bout de la ville, à un château.
17h – Des vues magnifiques, un joli lac où des mariés font leur photo. On leur cri bravo et les applaudit, mais ils ne semblent pas emballés par notre action. Trempettes de nos pieds dans le lac avec les canards et les poissons énormes qui y vivent. Ballade dans un bois, admiration d’un panorama sur la ville et le lac, course dans les hautes herbes...
19h – Rencontre avec tout le monde au lac de BuGa. Seuls 8 courageux français et espagnols se tentent à la baignade : je me dirige vers la rive d’en face avec Héloïse, Sally, Coline et une autre fille mais je ne sais plus la quelle… Coline et l’autre fille décident de faire demi tour par fatigue. Héloïse, Sally et moi nous faufilons à travers poissons et algues pour atteindre l’autre berge. Arrivées à pieds, on voit Lucia, Pablo et Carlos qui nous y rejoignent. Nous les attendons, barbotons un peu pour repartir vers notre groupe de 50 personnes.
20h – Pique nique sur la pelouse et les espagnols proposent de faire un jeu collectif appelé je ne sais plus comment, qui se traduit par le jeu du bisou en français : tout le monde doit se placer en rond et chacun a un lettre ou un numéro qui lu est attribué. Une personne est au centre. Elle appelle une lettre et un chiffre. Si elle est une lettre, le chiffre doit l’embrasser, et la lettre appelée doit la défendre en embrassant le chiffre. Et à l’inverse, si la personne au centre est un chiffre, la lettre qu’elle a appelée devra l’embrasser et le chiffre la défendre en embrassant la lettre. La personne qui perd prend la place de la personne au centre. On y a joué durant deux bonnes heures.
22h30 – Avec Sally et Héloïse, le bain de minuit impossible, nous nous tentons au bain de 22h30. Vincent s’approche de l’eau dans l’intention d’y aller et Coline lui facilité la tache en le poussant tout habillé. Naturellement, il lui fait pareil. Nous avons à peine le temps de barboter qu’Héloïse se met à hurler : elle a quelque chose d’agrippé à son pied. Elle me crie de regarder de quoi il s’agit mais elle a le pied dans l’eau. Je me marre ; elle me dit « mais c’est pas drôle ! J’ai un poisson aaaaaaaaahh » Je lui dis de sortir de l’eau plutôt que de rester à gueuler dans l’eau … xD Elle me montre son pied mais il fait presque nuit et je n’arrive pas à voir ce que c’est. Elle essaye de retirer le truc agrippé mais elle le lâche en disant « aahhh c’est collé je sais pas ce que c’est ! » ça faisait environ 5 ou 6 cm de long et ça semblait en effet agrippé à son pied. Elle hurle et tout le monde la regarde, inquiet. Elle marche en boitant et Vincent la porte. Puis, 2 minutes après, je la vois morte de rire en train de regarder son pied ; et j’apprends qu’elle avait une pansement collé au pied. Le boulet du groupe… On se rhabille pour aller prendre le tram. Coline est trempée et se sert de sa serviette comme jupe. On rejoint l’arrêt de tram en se remémorant la performance « bouletienne » d’Héloïse. Il fait nuit et les espagnols commencent à chanter à tue tête et dansent. On entre dans le tram et tout le monde scrute Alba et Elisa en train de danser sur « voulez vous coucher avec moi ce soir ? ». Certains semblent surpris de voir 50 personnes entrer dans le tram en frappant dans leur mains, 7 en dansant, 4 en chantant, 1 trempé, 1 en serviette et beaucoup en riant.
On descends du tram pour prendre le 5, quand 2 mini bus arrivent pour être plus rapides. Nous, trempées, se ruons dans le premier bus venus pour vite rentrer prendre nos douches. Pas de bol : on monte avec l’allemand qui roule comme un dingue. Rebelote, on s’écroule dans les virages, on se tombe les uns sur les autres (à noter qu’on était 12 dans un bus de 8 places, les uns sur les genoux des autres). Arrivés au dortoir, on court chercher nos affaires : manque de bol, les allemands étaient là avant nous. Une espèce de connard à casquette réserve sa place à la douche. Héloïse lui explique qu’on est trempées, que Coline est en serviette, qu’on pue l’eau du lac et qu’on aimerait bien se laver avant eux, de plus que c’est notre douche (les mecs se lavaient à la piscine le matin). Lorsque la porte de la salle de bain s’ouvre, Héloïse pousse l’allemand pendant que Coline court dans la salle de bain et vire le mec à peine habillé qui était dedans. Katrine la traite d’idiote et je réserve mon emplacement après Coline.
1h30 – On se couche.

Mercredi 18 juillet
On passe notre journée dans les ateliers, les conneries deviennent de plus en plus fréquentes. Vincent s’éclipse de son atelier pour aller nouer les vêtements des filles dans notre chambre ou mélanger nos affaires entre elles…
De notre coté, on insert des miettes de Prosper dur dans les chaussures de Sally, dans le jus de carotte/orange/mangue d’Héloïse ainsi que des boulettes de papier toilette (non usagé, ne vous inquiétez pas) entre les poils de sa brosse à dents (depuis 3 jours, elle ne l’a toujours pas remarqué).
17h – Fin des ateliers pour la journée. Ce soir c’est dîner international, ce qui signifie que chaque nationalité prépare une spécialité de son pays / région et présente sa ville jumelée. Nous voilà sur une grande table au milieu de la place. Les allemands de Sangerhausen nous préparent un espèce de truc au paté ou je ne sais quelle viande, sur du pain et parlent brièvement de leur ville. Les tchèques nous font d’excellentes galettes de pomme de terre ainsi qu’une spécialité à base de légumes délicieuse, accompagnées d’une chanson à la guitare que nous avons pour la plupart peiné à chanter (le tchèque n’est pas simple, même avec les paroles écrites). Les espagnols empreinte un gigantesque plat d’au moins un mètre de diamètre pour nous faire leur parfaite paëlla, tandis que nous nous occupons du dessert : crêpes et tarte normande ! Les espagnols devenaient complètement fous à l’idée de manger des crêpes, ils criaient et sautaient de joie.
La préparation du repas chez les français était accompagnée d’une répétition de notre présentation de Vire : on avait décidé de faire une pièce de théâtre de dernière minute, alors on s’est activés toute la soirée pour organiser ce truc totalement à l’arrache, finalement. Mise au point et répétition dans la cuisine, peinture de sacs poubelle, confection de cornes et d’oreilles pour les costumes à l’aide de pots de yaourts. La pièce commence : Vincent fait le narrateur en anglais. Il parle de notre porte horloge détruite lors de la 2nde guerre mondiale : Lily, Cyrielle, Alexa, Tatiana et moi formons une pyramide symbolisant le monument, détruit par Patrick qui fait l’avion. Puis vient la démonstration de traite des vaches. Iris, dans son magnifique costume, arrive à quatre pattes en meuglant, avec un sac poubelle censé être peint en blanc et noir mais dont la peinture s’écaillait, une queue de vache fabriquée en ficelles, des cornes en pots de yaourts peints en blanc, et le must du must : 2 gants en plastique remplis de lait et peints en rose accrochés à sa ceinture, que Coline habillée en fermière se charge de piquer avec une aiguille pour traire les « mamelles » remplies de lait. Petits soucis techniques : la peinture colore le lait en rose, les trous sont faits sur les côtés et le lait arrose la vache et sa fermière au lieu de tomber dans le sceau. Mais tout le monde est mort de rire. Pour finir, Vincent enchaine sur la spécialité de Vire, les andouilles : Héloïse arrive en cochon, oreilles roses en carton, culotte rose, Tshirt rose, chausettes roses, groin, queue… Le costume parfait. Sally la tueuse d’abattoir l’emmène sur scène avec une laisse et tue le cochon, prenant soin d’éclater la poche de faux sang et d’en verser sur Héloïse gisant les 4 pattes en l’air. Arrivée de la bouchère, Sophie, qui, à l’aide de Sally puis Vincent, engouffre notre petit cochon dans un sac poubelle peint en noir et lui serre des ficelles le long du corps pour faire notre andouille. Vincent la porte enfin hors de la scène, puis revient parler des Virevoltés, partie culturelle de la présentation de Vire, avec le magnifique jonglage de Coline.
Héloïse ne s’est pas privée de se trimballer dans son costume une bonne partie de la soirée, apportant les plats, couverte de ketchup. Une bonne partie de rigolade. On a fini la soirée autour de la guitare tchèque et devant un diaporama des espagnols et tchèques nous présentant San Sebastian de Los Reyes et Vchlrabi (ou qqch comme ça).
22h30 – Nous montons pour nous doucher : grande surprise, nos amis allemands étaient arrivés chez nous. Ils commencent à vouloir « entrer en communication » avec nous, disaient-ils, en nous lançant des boules en plastique violemment dans la tête. On les ignoraient après leur avoir dit d’arrêter leurs conneries sans succès. Sven, alias le Général Mammouth, leur éducateur, vient à notre secours. A sa vue, les 2 idiots rangent leurs dégâts et Mammouth nous dit qu’il n’y a rien à faire, qu’il voudrait bien les tuer mais il ne pourrait pas car il ne veut pas aller en prison. Les allemands ne comprenant rien à l’anglais, ne disent rien et s’en vont.

Jeudi 19 juillet
8h30 – Les allemandes se réveillent : bière, clope, douche, ptit dej, et se recouche comme des masses, incapables de rien faire.
10h – Atelier photo.
13h – Déjeuner
14h – On monte dans la chambre : nos amis allemands. Rebelote pour le lancer de boules.
14h30 – Départ en tram pour Kassel, ou Lotte nous fait visiter les restes des précédentes Dokumenta. On croise des mecs habillés avec des costumes d’arbres, je sais pas bien ce qu’ils faisaient là mais ça m’a fait marrer.
18h – Nous allons voir l’enregistrement de l’émission en live du groupe qui fait l’atelier vidéo.
20h – Nous peinons à trouver un endroit où manger et on finit dans un restaurant avec des spécialités mexicaines. On ressort tous la bouche en feu et allons nous acheter une glace pour repartir en tram à Baunatal. Héloïse est restée avec les espagnols avec qui elle est partie dans un bar pour la soirée. De notre coté, petit plaisir à aller tester les balançoires près de l’arrêt de tram, puis parties de Jungle Speed très speed puisque les 2 mesquins Coline, Vincent et Sally étant cote à cote, enchaînait tricherie sur tricherie et tout le monde se mêlait à l’énorme N’importe quoi que devenait la partie. Lily a gagné les deux parties qui ne valaient plus rien tellement c’était devenu un bordel sans règle. Les allemandes, de leur coté, était bourrées, comme chaque soir, et tombaient comme des masses.

Vendredi 20 juillet
Dernière journée. Les vacheries se font de plus en plus fréquentes, j’attaque la journée en réveillant Cyrielle et Lily à l’aide d’une bouteille d’eau.
10h – Dernier atelier pour fignoler notre travail.
13h – Nos copains allemands s’acharnent encore à entrer en communication avec nous.
Après midi de temps libre consacré au rangement et quelques bêtises de temps à autre, comme par exemple Patrick versant du shampoing sur Vincent, Héloïse et Sally attaquant la journée par une bataille de sauce à table, mettre de la craie dans les verres. Entre deux, passage dans la pièce des instruments, où les espagnols jouaient et chantaient Imagine, qui a fait un peu de magie à la soirée.
18h – Repos dans la piscine à boules où Coline et Héloïse se chargent des atebas. Vicky tente une approche en nous en demandant une. Elles semblent vouloir communiquer mais Vicky ne parle pas un mot d’anglais et Katrine ne sait faire que nous lancer des boules et se frotter à nous en répétant « Smile ! Smile ! » On descend, exaspérées.
19h – Présentation des ateliers. Admiration des fameuses prestations du groupe théâtre et visionnage des vidéos, exposition de nos photos et des graffiti.
20h – Abschlussparty !
Signature du livre d’or, remerciements, atebas, lancer de sauce harissa, chansons, danses, rigolades…
0h30 – Tentative à vouloir prendre une photo à trois avec Lily et Cyrielle mais le retardateur de Lily est trop rapide. Un inconnu allemand vient nous taper la discute et nous propose de nous prendre en photo mais l’appareil s’éteint à chaque fois qu’il appuie sur le déclencheur. Nous nous amusons de la chose et repartons.
2h – Je vais prendre ma douche. Dans le dortoir, Vicky est toute seule allongée sur son lit, ne profitant même pas de la soirée. Lorsque je sors, Iris fait une atebas à Julia avec qui on papote un peu, admirant l’extrême sympathie et la chaleur humaine des espagnols.
2h30 – En bas, Alexa vient nous voir nous annonçant que l’on doit aller se préparer car nous partons les premiers, à 3h. Elle ajoute qu’il y a un problème. Je pense immédiatement à un malheur du genre « Machin s’est blessé » ou qqch comme ça. Finalement ça donnait un truc comme « Iris s’est faite voler son portefeuille, allez voir si vous avez bien toutes vos affaires ». En furie et en panique, on court à l’extérieur, traverse la cour et monte les escaliers à toute allure : dans le dortoir, on trouve Vicky et Katrine sur leur lit, allongées, les 2 allemands dans la piscine à boules, Lotte, Heide et Frank au milieu de la pièce avec quelques autres, Iris en pleurs en vidant sa valise. Chacun se rue sur ses affaires. Résultats : Iris n’a plus rien et le voleur a laissé sa carte d’identité à Coline… Mais pas le reste. Chute de moral, une demie heure avant notre départ d’une semaine magnifique, il a fallu qu’une couille de la sorte arrive. Tous les espagnols arrivent et on se met tous au travail pour fouiller la pièce à la recherche des portefeuilles. Même les 2 allemands se joignent à nous pour vider la piscine à boules. Les 2 filles par contre restent sur leur lit sans bouger à nous regarder. On cherche, mais en vain.
3h – Dépité, chacun prend ses valises et descend dans la cour. Nous retrouvons nos chaleureux espagnols qui viennent nous dire au revoir. Embrassades, pleurs, nos émotions se mélangent et nous repartons au milieu de la nuit. Alba nous répète qu’elle ne veut pas nous voir partir, Héloïse effondrée, elles se serrent l’une à l’autre et commencent à chanter « Imagine » au milieu de tout le monde. Quelques tchèques nous accompagnent aussi et même nos amis allemands viennent nous souhaiter bon départ.
3h30 – On monte dans le bus et se précipite à l’arrière lorsque celui-ci démarre pour voir Alba et quelques autres espagnoles courir derrière le bus.
4h30 – Beaucoup se couchent, avec Lily et Cyrielle, on parle de nos impressions et sentiments, pensant qu’il y avait 2 heures on était dans la joie, à 3h on était dans la colère et le dépit, et qu’à 3h30 dans la tristesse de les quitter. On se dit qu’on a l’impression d’avoir fait un rêve, car on est au milieu de la nuit et on ne comprend plus rien et on perd la notion du temps. On se dit qu’on s’était attachées à des gens à qui on ne parlait jamais, qu’on ne connaissait pas il y a une semaine, mais avec qui on a vécu 24h/24 pendant une semaine, chacun coupé de chez lui, et que l’idée de ne plus jamais les revoir était aussi triste que de perdre un ami de longue date. Bref, je me couche.
5h30 – Arrêt sur l’autoroute. Je ne comprends pas grand-chose et je suis dans les vaps. Nu pieds, je sors du bus pour aller chercher mon duvet dans la soute. Le chauffeur nous fait chier, un vrai con avec des théories pourries. Un mec qui voudrait voir les écolo tués parce qu’ils font chier tout le monde, les communistes au zoo et les fruits à mettre à la poubelle parce que c’est dégueulasse ya plein de jus… hm, bref, je pionce jusqu’à 10h et à mon réveil j’ai l’impression d’avoir fait un rêve. Un brusque retour à la case départ, j’ai l’impression de les avoir quittés depuis des jours alors que ça ne fait que quelques heures.

13h – Retour en France, on met 2h à trouver une aire non encombrée de monde pour manger. Des toilettes dégueulasses, la pluie qui revient, et un chauffeur qui se manifeste décidément de plus en plus con. Mais toujours notre groupe de français solidaires à maintenir une bonne ambiance là où l’on s’étonne d’entendre parler notre langue O_o

Aujourd’hui j’ai retrouvé mon ptit bébé dans sa sciure, j’ai dormi dans un bon lit, je me dis que j’ai vécu des moments magiques, un peu comme à Angers (surtout notre départ). Et que cette expérience m’a donné envie de continuer à rencontrer des gens comme ça, dans cette ambiance. Et lorsque j’écoute Imagine de John Lennon, j’ai tout plein de souvenirs qui font un beau défilé dans ma tête.

NOTE : je vais mettre quelques photos dans un autre sujet.